Quel modèle d'affaires FTTH favorisez-vous ?
Modèles d’affaires FTTH en Suisse
Situation actuelle du marché FTTH en Suisse
En Suisse, à la fin de l’année 2020, environ 30 % des ménages étaient raccordés à un réseau de fibre optique (BEP ou OTO ready ). Une grande partie de ces ménages se trouvent dans des zones urbaines. La construction de ces réseaux de fibre optique a souvent été réalisée en coopération entre des sociétés fournisseur d’énergies et Swisscom. Tandis que Swisscom a recours à ses propres services pour les raccordements, les sociétés fournisseur d’énergies opèrent principalement au niveau de la couche-1, comme purs opérateurs d’infrastructure. Elles proposent un service de location non discriminatoire de l’accès à leurs réseaux aux fournisseurs nationaux et régionaux dans leurs zones d’approvisionnement. En raison de l’accord de coopération entre Swisscom et les sociétés fournisseur d’énergies prévoyant le partage de quatre fibres par unité d’utilisation, Swisscom est également en mesure de louer une fibre à ces mêmes fournisseurs. Il en résulte une concurrence entre les partenaires de l’accord au niveau de l’infrastructure. La chaîne de valeur de Swisscom est indéniablement plus avantageuse que celle des sociétés fournisseur d’énergies, car le leader du marché peut générer des revenus non seulement à partir de ses propres services, mais également à partir de son activité de location de fibres. Les sociétés fournisseur d’énergies, quant à elles, doivent se contenter de leur activité de location de fibres pour le refinancement de leurs réseaux. Il n’est donc pas étonnant que certaines sociétés fournisseur d’énergies aient lancé par la suite des services de base, comme l’accès à Internet, afin de générer également des revenus supplémentaires. Cependant, cela fait d’eux des concurrents directs de leurs propres clients, les fournisseurs régionaux et nationaux, lesquels souhaitent offrir leurs services à une même clientèle. Du fait de cette situation, il est de plus en plus compliqué pour les petits fournisseurs n’opérant pas à l’échelle nationale d’exploiter un cas économique bénéficiaire par le biais des réseaux Ouverts.
La situation est bien différente pour les deux fournisseurs de services complets Sunrise UPC et Salt qui, tout comme Swisscom, opèrent à l’échelle de toute la Suisse. Grâce à leur taille, les deux entreprises sont en mesure de déterminer les prix de location mensuels pour un raccordement FTTH qui peut être réalisé via les fibres de Swisscom ou celles des sociétés fournisseur d’énergies. En outre, Sunrise UPC étant en possession de réseaux HFC, elle dispose de sa propre infrastructure alternative. En l’espace de quelques années, cette situation concurrentielle a entraîné une chute du prix de la fibre noire d’un montant initial de plus de 30 CHF par mois à un montant se situant désormais entre 16 et 25 CHF. Il est prévu que les prix continuent à baisser selon la quantité de raccordements loués jusqu’à un niveau entre 10 et 12 CHF. Cette chute des prix rend la situation des petits fournisseurs encore plus critique, ceux-ci obtenant une pénétration qui est évidemment plus faible, tandis que la position des acteurs les plus puissants du marché se consolide. En raison de la pression des prix sur les fibres louées, les propriétaires d’infrastructure se concentrent de plus en plus sur le refinancement des réseaux FTTH et la nécessité de trouver de nouveaux modèles d’affaires innovants augmente. En tout état de cause, la construction de réseaux de fibre optique est, et reste, un projet à très long terme pour ce qui est de leur refinancement et de leur rentabilité.
Roadmap FTTH des acteurs principaux
Swisscom a récemment annoncé que, sur la base de l’extension FTTS qui sera bientôt achevée, 30 % supplémentaires des foyers suisses seront connectés aux réseaux de fibre optique jusqu’à 2025. Cette annonce semble avoir fait son effet dans le secteur des télécommunications. De nombreux câblo-opérateurs envisagent de renforcer le déploiement de la fibre optique qui se poursuit depuis plusieurs années déjà et, outre les nouvelles zones de développement immobilier, de raccorder par exemple également à la fibre les immeubles avec un grand nombre d’appartements. Même les sociétés fournisseur d’énergies de petite et de moyenne tailles cherchent des stratégies et des modèles d’affaires afin de mettre en œuvre des réseaux FTTH dans leurs système de conduites qui en ont souvent la capacité suffisante. Avec les relevés à distance des compteurs d’électricité ( Smart Metering ) imposés par la loi, il est possible de créer des synergies lors de la construction de réseaux qui profitent autant au secteur de l’énergie qu’à celui des télécommunications. Quand bien même l’objectif de Swisscom de doubler l’empreinte FTTH serait amené à être réalisé au-delà de 2025, il est possible de supposer que les réseaux purement en fibre optique remplaceront une partie des réseaux hybrides actuels ( HFC et xDSL ), voire qu’une exploitation mixte se poursuivra pendant un certain temps.
Un accès non discriminatoire aux réseaux ?
Dans le domaine de la construction de réseaux de fibre optique, la législation actuelle ne prévoit pas de réglementation qui impose aux propriétaires de réseaux d’ouvrir leur réseau à d’autres fournisseurs de services de télécommunication sous la forme d’accès dégroupé, et donc non discriminatoire. Cela vaut pour les réseaux purement FTTH comme pour les réseaux d’accès hybrides. Pour ces derniers, les fibres optiques débouchent dans des regards / chambres de raccordements de chaussées ou dans des armoires de rues sur le bord de la route. À partir de ceux-ci, on utilise les câbles cuivre par paire ( 2 fils cuivre ) déjà présents ou les câbles coaxiaux afin de raccorder les unités d’utilisation individuelles aux propriétés. La technologie de transmission utilisée pour les réseaux telco est appelée « G.fast », tandis que celle pour les câblo-opérateurs porte le nom de «DOCSIS 3.1 ».